Tout ce qu’il faut savoir sur l’auto entreprenariat en photographie

Dernière mise à jour: 29.03.24

 

Si devenir votre propre patron est une chose qui vous tient principalement à cœur, la bonne nouvelle c’est que cela est tout à fait réalisable. En effet, les obligations fiscales et comptables ne devraient plus être un frein à votre succès, car les démarches de créations sont aujourd’hui plus facilitées. En tant que photographe, vous vous demandez s’il y a des intérêts à entrer dans l’arène ? Pour mieux vous éclairer, nous vous disons tout sur l’auto entreprenariat dans le domaine de la photo.

 

Questions de droits, d’impôts et de taxes

Bien que le métier de photographe à titre entrepreneurial puisse faire rêver beaucoup, sachez qu’en tant que micro entrepreneur, vous allez toujours devoir vous conformer aux questions saillantes des taxes et des impôts, car être photographe freelance est une chose et être auto entrepreneur photographe en est une autre. Voici donc les préalables à retenir avant de vous lancer dans l’entreprise photo.

  • Prélèvement libératoire et à la source : Si vous choisissez un prélèvement libératoire, c’est que votre revenu ne va pas au-delà des 27.519 euros par quotient familial. Dans le cas contraire, le prélèvement à la source sera obligatoire. Dans ce cas de figure, l’impôt sur le revenu se règle tel un acompte que vous pourrez verser trimestriellement ou mensuellement.
  • Diminution de la Cotisation Foncière des Entreprises ou CFE : Que vous soyez photographe d’art ou photographe professionnels auto-entrepreneur, vous connaîtrez des exonérations sur la CFE, les frais de CCI et de CMA si votre chiffre d’affaires sur l’année (hors taxe) n’est pas en dessus de 5000 euros.
  • L’indemnisation chômage : il est maintenant possible de faire valoir ce droit si vous êtes un photographe indépendant et que vos activités ont cessé. Toutefois, pour bénéficier de cela, il faudra que votre entreprise ait été sujette à une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. Par ailleurs, il sera également important de justifier un bénéfice par année qui avoisine les 10.000 euros.
  • Régime général ou CPAM : depuis l’année 2019 qui a été marquée par l’abrogation du RSI, les micro-entrepreneurs ainsi que les travailleurs indépendants ont migré vers le régime général CPAM.
  • La loi Pacte : Les artisans ne sont pas obligés d’effectuer un stage de préparations à l’installation ou SPI. Par ailleurs, le coût du stage est désormais de 194 euros. En outre, il n’est plus nécessaire d’avoir un compte bancaire au nom de l’entreprise.
  • La LFSS ou loi de financement de la Sécurité sociale : le congé maternité d’un indépendant est calqué sur celui des salariées.

Maintenant que tout est plus ou moins clair à ce niveau, il est temps de faire le point sur comment devenir photographe auto-entrepreneur ainsi que les intérêts d’un tel métier.

Existe-t-il un diplôme de photographe ?

Si vous vous êtes préalablement renseigné sur le sujet avant de sauter le pas, vous avez surement déjà dû découvrir que devenir photographe professionnel n’est pas une activité réglementée. Vous l’aurez compris, il ne sera pas nécessaire d’obtenir un diplôme spécifique pour pouvoir se lancer dans le métier de photographe. Malgré cela, pour vous perfectionner et ajouter une étoile sur votre CV d’auto-entrepreneur, il est tout à fait possible de vous inscrire dans des centres de formations universitaires ou professionnels.

Le photographe et les différents statuts du métier

Être photographe de métier n’est pas toujours suffisant, encore faut-il pouvoir choisir un domaine de spécialisation pour mieux se faire remarquer et être la référence dans le domaine. Sachez alors qu’il existe une multitude de catégories, à savoir :

  • L’artisan photographe

Quand on parle de photographe ou de vidéaste artisan, on fait essentiellement référence aux professionnels issus de l’Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales ou URSSAF. Le domaine d’expertise de ce dernier repose ainsi sur la photo d’illustration et c’est alors un photographe social. Les images prises concernent donc :

  •   Les clichés événementiels, à l’exemple des mariages, des anniversaires, des réunions professionnelles ou encore des évènements familiaux.
  •   Les clichés commerciaux qui serviront de campagnes publicitaires pour des domaines clés comme la mode, l’immobilier, le tourisme …
  •   Les traitements de type photographique, que cela concerne le numérique ou l’analogue.

Un artisan photographe a généralement le statut de micro-entrepreneur, ce qui fait qu’il s’agit principalement de prestation de services. Vu sous tous ces angles, il paraît logique que ce type de photographe pro ne puisse aucunement demander à percevoir un droit d’auteur des clichés qu’il a pris ou qu’il a vendus.

  • L’auteur photographe

Cette classe de photographe est systématiquement rattachée à l’Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs (AGESSA). C’est dans cette catégorie que l’on parle d’artiste photographe étant donné que les clichés pris représentent des « œuvres d’art » qui peuvent partir à la vente. Une fois que la photo est vendue, on procède à une cession de droit d’usage ainsi que des tirages numérotés, limités et signés. Par ailleurs, le photographe a un salaire  axé sur une rémunération en droit d’auteur. Pour toutes ces raisons, un photographe artiste ne pourra pas jouir du statut de micro-entrepreneur.

Et si vous êtes intéressé autant par l’une que par l’autre de ces catégories, vous pouvez aussi concevoir d’effectuer une activité mixte qui induira à la fois une vente de produits et une prestation de services, mais vous devrez informer le Centre des Formalités des Entreprises ou CFE.

  • Qu’en est-il des photographes de presse ?

Un photographe de presse reçoit un salaire mensuel, il est donc toujours affilié à un organe de presse, ce qui fait qu’il bénéficie systématiquement d’une sécurité sociale. Toutefois, contrairement à ce que l’on peut penser, ce dernier peut éventuellement et simultanément entreprendre une activité indépendante qui le permettrait d’être classé comme étant un artisan photographe tout en jouissant du statut de micro-entrepreneur. Dans ce cas de figure, il faudra bien différencier l’agence de presse et l’activité en question.

Et pour terminer, il importe de préciser que les photographes-journalistes indépendants ont un statut de journaliste. En ce sens, ce ne sont pas des micro-entrepreneurs.

Avantages et inconvénients d’être micro-entrepreneur photographe

  • Quels avantages ?

La micro entreprise figure parmi les régimes sociaux les plus simplifiés, d’autant plus que les firmes dites individuelles peuvent accéder à ce statut.  S’il fallait donc la comparer aux sociétés de type commerciales, on notera les avantages suivants :

  •  Facile à créer : Le premier privilège de ce régime repose sur sa création facile. En effet, tout ce que vous avez à faire se résume à effectuer une déclaration en ligne et à vous enregistrer dans la catégorie des métiers de photographe artisan. Cela fait, vous obtiendrez un numéro SIREN afin de pouvoir établir des factures ou encore des devis, accéder à vos paiements et indiquer le chiffre d’affaires que vous avez.
  •   Un régime fiscal non complexe :  Dépendamment du chiffre d’affaires que vous avez préalablement indiqué, votre impôt pourra être plus conséquent ou moins  important selon un bénéfice qui est calculé de manière forfaitaire. Mieux encore, sous condition, il sera possible de privilégier un versement fiscal libératoire d’impôt sur le revenu.
  •    Un régime social qui est allégé : Toujours en fonction du chiffre d’affaires que vous avez indiqué, vos cotisations sociales seront basées sur un taux forfaitaire en lien avec le montant déclaré.

. Un allègement au niveau de la comptabilité : Contrairement à d’autres micro-entrepreneurs, vous n’aurez nécessairement pas à avoir un livre de recettes ou encore un registre d’achat. Bien mieux encore, nul besoin de procéder à des comptes tous les ans.

En considération des critères qui sont appliqués depuis le début de l’année 2020, il vous sera possible de jouir d’une Aide à la création ou la reprise d’une entreprise (ACRE), à la seule condition que vous soyez éligible.  Cela vous permettra de réduire de manière dégressive les cotisations sociales que vous aurez à payer. En outre, retenez qu’au cours de la toute première année, vous bénéficierez d’une exonération de cotisation foncière des entreprises.

Et dernier avantage non négligeable, vous pourrez exercer en tant que salarié même si vous avez déjà un statut de micro-entrepreneur.

  • Quels inconvénients ?

Dans le cas où vous faites partie de ceux qui pensent que devenir photographe est un jeu d’enfant, sachez qu’il ne suffit pas d’y croire pour devenir photographe auto-entrepreneur. En effet, créer son propre business dans cet univers vous demandera un investissement de départ assez conséquent, en plus des charges qui vous incombent. Eh oui ! Il faudra penser à acquérir des boitiers, des objectifs, des flashs, des batteries de rechanges, des matériels de studio ou des cartes mémoires de bonne qualité. 

Et tout cela a un prix qui pèsera lourd sur la balance, et surtout si vous souhaitez créer un mini studio photo. Par ailleurs, on a souvent tendance à ne pas inclure dans les comptes les logiciels de retouches qui sont généralement proposés à des tarifs élevés. En ce sens, théoriquement, il vous faudra avoir un fonds d’investissement de 5 000 euros, mais ce chiffre est bien évidemment susceptible de grimper en fonction de vos exigences personnelles et de l’activité en question. Par exemple, si votre activité nécessite des impressions systématiques, vous devez également investir dans une imprimante de qualité professionnelle.

Et même si un micro-entrepreneur n’est pas concerné par la TVA, il faudra retenir que le prix du matériel est considéré au même titre que celui des achats particuliers : la récupération de la TVA ne sera donc pas possible après un quelconque achat. Par ailleurs, comme les charges ne peuvent être déduites (amortissement matériel,loyer commercial, frais de déplacement auto entrepreneur …) il ne sera pas possible de soustraire ces derniers des cotisations sociales ainsi que des impôts sur le revenu. D’ailleurs, concernant ce dernier point, il faudra prévoir 34% d’impôts, qu’importe les charges que vous avez préalablement engagées, et cela ne jouera probablement pas en votre faveur dans le cas où ces derniers dépassent les 34%.

Quelles démarches pour le lancement de son activité ?

Outre le fait de procéder concrètement à la création de la micro entreprise et l’achat de matériel qui est primordial, vous devrez également vous préparer à traverser quelques étapes clés :

  • Créer son book

C’est dans cette phase que vous allez pouvoir fièrement exposer vos chefs-d’œuvre pour vous faire connaître. En effet, le portfolio ou le book fera office de CV et c’est l’élément qui vous ouvrira les voies vers le succès, car c’est à partir de lui que vos clients évalueront la qualité de votre travail. Vous devez donc être en mesure de jouer votre Joker en démontrant les travaux déjà effectués via une compilation des photos ainsi que des projets.

Dans le cas où vous n’avez aucun élément à inclure dans votre book, ne paniquez pas. Pour ce faire, vous pourrez tout simplement organiser des séances photo gratuites ou à des tarifs à moindre coût. Entre autres, il est aussi faisable de faire des échanges de services. Et pour booster votre visibilité, pensez à télécharger votre book sur le net.

Enfin, comme on vit actuellement à l’ère du numérique, n’hésitez pas à utiliser le pouvoir des réseaux sociaux en votre faveur en partageant vos clichés.

  • Les questions d’ordre juridique

Dans un délai d’un mois qui suit la création de votre micro-entreprise, nous vous recommandons de vous immatriculer dans le Répertoire des Métiers (RM) chez le CFE de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA).

Pour la requête d’ACRE, cela doit également se faire au cours des 30 jours qui suivent la création de l’entreprise.

Cela fait, bien que l’étape suivante ne soit pas obligatoire, vous pourrez aussi songer à effectuer un stage de préparation à l’installation. Il s’agit d’une formation qui se déroule sur 5 jours et elle vous offre la possibilité d’en apprendre plus sur les bases de la gestion d’entreprise. On y aborde notamment les questions en lien à la fiscalité, le social, la comptabilité … 

Par ailleurs, même si la souscription à une assurance professionnelle n’est pas une réelle nécessité, nous vous conseillons d’y procéder. Enfin, pensez à assurer votre studio et vos matériels.

 

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